Le ski alpin

Lorsque j'ai eu 35 ans, j'ai décidé de prendre des cours de ski........

  Ce n'était pas une période très facile de ma vie. J'avais pourtant, après avoir été « mère au foyer » avec bonheur de quatre filles pendant une quinzaine d'années, réussi un concours et je travaillais dans le département voisin comme institutrice. Ce succès et mon travail me rendaient heureuse. Mais l'équilibre de mon couple était fort ébranlé par ces changements. Tout était très compliqué avec mon conjoint. Néanmoins, comme nos moyens financiers nous le permettaient, nous pouvions nous offrir une semaine de vacances à la montagne, dans les Alpes.

  Tout le monde était ravi. Les enfants avaient été initié à la pratique du ski alpin par leur père qui se débrouillait bien. Seule la petite dernière éprouvait encore quelques difficultés et avait surtout beaucoup d' appréhension.

  Quand à moi, j'étais à la traîne. J'avais eu une première expérience mémorable quand j'étais adolescente. Mon petit ami de l'époque skiait très bien et souhaitait me faire connaître cette pratique qu'il appréciait beaucoup. Moi je n'étais jamais montée sur des skis. Un mercredi, (ou plutôt un jeudi après-midi en ce temps-là) nous nous sommes rendus avec quelques amis à Métabief, station du Jura proche de notre lieu d'habitation. C'était aussi un temps où la neige ne faisait pas défaut.

Arrivée à la station, direction location de skis, essayage et quelques instants plus tard, me voici chaussée, sur des skis et prête à dévaler les pentes ! .....

  En fait, je ne faisais pas la fière au moment de prendre le téleski, le tire-fesses comme nous disions entre nous, et comme tous les autres étaient à l'aise sur des skis ils eurent vite fait d'enfourcher chacun « une monture » et de s'éloigner vers le sommet. J'ai fini par me décider à faire de même après beaucoup d'appréhensions et........ ce qui devait arriver, arriva !.....

Le baton m'échappa et je fis une chute à peu près à la moitié de la pente, sans autre personne connue pour me donner quelques conseils, ni m'aider à me relever. Ce qui fut déjà un exploit étant donné mon niveau de ski et l'habileté que j'avais avec ces deux planches qui m'encombraient bien. A aucun moment je n'ai imaginé déchausser ! Comment redescendre cette pente en chaussures de ski avec les skis sur l'épaule ?.

  Sans connaître le moindre rudiment pour tourner ou freiner, je me suis mise dans le sens de la pente. Je n'imaginais pas prendre tant de vitesse. En effet, dans mon souvenir, j'allais très vite sur cette pente qui était juste une piste verte et impossible de prendre un virage ou de freiner puisque je ne connaissais aucun geste technique. Je me suis rendue compte que je ne maîtrisais rien du tout et je me suis mise à crier : 

« Je ne sais pas tourner, je ne sais pas m'arrêter ! » au moins pour prévenir les autres skieurs de mon arrivée et je me suis résolue à me laisser tomber en arrivant dans le bas de la pente. Quel beau « soleil » !

  Je me suis relevée, ressemblant à un bonhomme de neige, sans une égratignure, sans avoir blesser quelqu'un, ce qui tenait déjà du miracle ! Et j'ai passé le reste de l'après-midi à améliorer mon niveau de baby-foot dans le petit bar des pistes où mes amis ont fini par me rejoindre. C'était moins dangereux !

  C'est pourquoi, 20 ans après, après avoir appris quelques rudiments avec mon conjoint, je voulais appendre vraiment pour pouvoir me faire plaisir en famille. Et je ne voulais pas dépendre de mon conjoint pour cet apprentissage, ce qui n'aurait fait que rajouter des tensions entre nous.

  Je me suis présentée à l'école de ski aux « Menuires » et après avoir pris un cours avec un jeune moniteur qui trouvait que je ralentissais trop son groupe, je me suis retrouvée dans le groupe de « JEAN-PAUL », un grand barbu d'une cinquantaine d'années qui lui, avait un groupe de débutants. Au contraire de son jeune collègue, il s'est montré très accueillant, s'excusant même de ne pouvoir aller à mon rythme du fait des autres apprenants. C'était un vrai montagnard, bûcheron de son métier et qui donnait des cours de ski l'hiver pour arrondir ses fins de mois.

  Tous les jours, j'attendais ce cours avec impatience. J'ai pu me perfectionner tranquillement sans trop d'appréhension tout en ayant le temps d'admirer ces paysages de neige et de montagne que j'aime tant et qui me fascinent toujours autant. « JEAN-PAUL » était très calme, très patient et sa façon de nous guider était reposante et nous donnait confiance.

  Je n'ai jamais regretté ce choix. Je suis fière d'avoir appris à faire du ski à 35 ans. J'ai pu vaincre les appréhensions que ma première chute n'avait pas manqué de renforcer en moi. J'avais vaincu ma peur et désormais, lors d'autres séjours, je pouvais profiter de ces paysages et du plaisir de skier en famille. 

Camélia